C'est dans la noirceur du crépuscule tombé
Une fois que le soleil s'est enfin couché
Que parmi les grises sépultures du cimetière
Je m'éveille avec la fraicheur de la rosée sur le lierre.
Mon regard posé sur la magnificence de l'endroit
Face à ce déluge de beauté froide, je reste sans voix
Avançant d'un pas leste et assuré vers la grille de fer
Je respire et goûte, du soir, la douceur de l'air.
Soudain, apparaît en mon for cette douleur tenace
Ce mal grugeant de moi l'intérieur, m'arrachant une grimace
Si claire à mes yeux est la raison de cette souffrance
C'est la soif de sang me forçant à suivre sa folle cadence.
Telle une automate, je marche sur le chemin de terre
L'oeil vide, je traverse le ruban saphir de la rivière
Finalement, se dessinent les contours d'un petit village
Lieu du baume de ma soif sans âge.
Puis, le merveilleux parfum du sang atteint mes narines
Odeur indescriptible, digne d'une boisson des plus fines
Perchée en hauteur au creux d'un arbre
Elle torturait de toute sa force, mon âme de marbre.
Un jeune homme lisait paisiblement sur une branche
Cheveux sombres tombant sur sa sublime figure blanche
Peau luisante sous le faible éclairage de la lune pleine
Comme semblait appétissant le contenu de ses veines.
Peu de temps il me faudrait pour me saisir de lui
Pour boire le délicieux liquide rouge dont je me languis
Laissant derrière moi le cadavre d'un être jadis humain
Et qui, vidé de toute substance, ne représenterait plus rien.
Pourtant, c'est à ce moment précis qu'il leva les yeux
De ses prunelles aux reflets à la fois doux et amoureux
Descendant prudemment dans l'herbe à mon côté
Un être dont on ne pouvait décrire la parfaite beauté.
Il m'avait ensorcelée par sa seule présence
Quoi que je fasse, la lutte était perdue d'avance
Je ne pu que m'approcher de lui par à-coup
Et, enfin, goûter la tendre chair de son cou.
Quand il se retrouva au seuil de la mort,
Je me saisis doucement de son faible corps
Dans un soubresaut je me mordis le poignet
Laissant couler entre ses lèvres le terrible gourmet.
Une fois relevé, il n'était plus un homme,
Mais un démon à son apparence détenant son arôme
Devenu mon sanglant compagnon pour l'éternité
Parcourant la nuit sous la lune argentée.